L'esclavage des noirs
Lorsque j'étais petite, la maîtresse d'école m'a parlé de la traite des noirs. Les blancs venaient en Afrique en bateau pour attraper des noirs par centaines. Ils étaient entassés à fond de cale. Le bateau traversait l'océan. Il faisait une petite halte dans les îles pour refaire le plein de vivres, puis faisait route vers l'Amérique pour vendre les noirs en tant qu'esclaves. 60 millions de noirs ont ainsi traversé le globe, c'est pour ça qu'il y en a plein en Amérique. Les conditions de détention étaient inhumaines alors certains mouraient au cours du voyage.
Ce récit m'a choquée. Quelques mois auparavant, la maîtresse avait dit que la traversée de l'océan était une entreprise risquée. En plus des tempêtes, la nourriture et l'hygiène étaient déplorables, il arrivait que les marins tombent gravement malade et meurent. Ils buvaient essentiellement de l'alcool, sûrement parce que l'eau croupissait durant les nombreux mois de navigation, elle ne restait pas potable longtemps.
Si les marins meurent sur le pont, comment des êtres humains peuvent-ils survivre dans les cales? Ils vivaient dans leurs propres déjections, au milieu de cadavres en décomposition, sans lumière, sans espace pour bouger, avec peu d'air pour respirer, pas d'eau pour se laver... Comment pouvaient-ils arriver à destination, frais comme des gardons, dans une forme assez éclatante pour convaincre les riches fermiers de leur force de travail? Dans ma tête d'enfant effrayée, je me suis dit que soit les blancs sont des mollassons parce qu'ils meurent malgré des conditions de vie idylliques, soit les noirs sont surhumains parce qu'ils survivent plusieurs mois dans des conditions atroces.
Le temps a passé. Depuis quelques temps je vois fleurir un courant spirituel. Il paraît que les indiens d'Amérique étaient un peuple immensément sage. La profondeur de leur culture serait sans égale, ils seraient les gardiens de traditions hautement spirituelles. Pourtant lorsque j'étais petite, on m'a dit que les indiens attaquaient les trains et les diligences. On m'a dit qu'ils déterraient la hache de guerre pour aller scalper leurs ennemis. "Scalper" ne consiste pas à couper les cheveux, ça consiste à décoller le cuir chevelu du crâne avec un couteau. Ils attachaient leur ennemis à des poteaux pour les brûler vifs. Lorsqu'on joue aux cowboys et aux indiens, c'est pour faire semblant de s'entretuer, pas pour disserter métaphysiquement. Qu'est-ce qui cloche?
Heureusement, je suis tombée récemment sur des reportages et des sites internet qui m'ont appris que les indiens d'Amérique sont des mongols venus de Sibérie et que des fouilles archéologiques ont permis de retrouver des crânes négroïdes en Amérique. Ces restes humains sont largement antérieurs à l'arrivée des mongols. Je préfère ça. J'ai imaginé une fiction au sujet de l'histoire de l'esclavage, pour me débarrasser des aberrations historiques, en attendant que la vérité éclate enfin.
Au départ l'Amérique n'était peuplée que de noirs. C'était un peuple plutôt pacifique, plutôt sédentaire, d'une grande sagesse. Ils n'ont pas construit de monuments impressionnants, ni de cités gigantesques parce que ce genre de choses est souvent la marque des peuples conquérants, qui veulent laisser des traces orgueilleuses de leur passage sur terre et qui concentrent les populations au maximum, pour générer pouvoirs et richesses en exploitant intensivement les humains comme du bétail. Les noirs vivaient paisiblement en petites communautés, se nourrissant essentiellement grâce à l'agriculture et à la cueillette, peut-être aussi l'élevage et la pêche.
Des mongols sont arrivés de Sibérie. C'était un peuple nomade, plutôt guerrier, maîtrisant l'équitation. Les 2 peuples se sont inspirés mutuellement mais chacun a gardé sa culture car leurs styles de vie étaient radicalement différents. Les mongols vivaient essentiellement de chasse et de pêche, ils se déplaçaient donc en permanence pour suivre les migrations des troupeaux d'animaux.
Et puis les européens sont arrivés. Au début ils négociaient les richesses. Les indiens étant plutôt guerriers, ils se voyaient proposer des armes à feu et de l'alcool, en échange de terres dont ils ne se souciaient pas, puisqu'ils étaient nomades. Les noirs étant plutôt pacifiques, ils se voyaient proposer des objets esthétiques en échange des terres qu'ils cultivaient. Il est même probable que le marché impliquait qu'ils continuent à travailler leur terre, sauf qu'au lieu d'en consommer tous les produits, ils en donnaient une partie aux européens. Le fait qu'ils se faisaient payer avec de jolis objets sans valeur marchande n'est pas un signe de stupidité. Cela montre que ce peuple était plus attaché à la beauté qu'aux possessions matérielles. L'art occupait sûrement une place primordiale dans leur quotidien.
Très vite les européens sont devenus envahissants, de plus en plus exigeants, de plus en plus avides, de plus en plus cupides, de moins en moins respectueux. Les indiens guerriers ont riposté par la violence. Ils ont été génocidés. Les survivants ont été enfermés dans des camps de concentration appelés "réserves". Les noirs pacifistes ont été progressivement contraints de donner sans recevoir de contrepartie. La terre qu'ils cultivaient pour se nourrir est devenue leur prison. Ils la travaillaient désormais comme des esclaves, pour enrichir leurs oppresseurs. Leurs habitations ont été confisquées, détruites, transformées en fermes, en exploitations, en villes.
Des bateaux faisaient régulièrement la navette pour transporter toutes ces nouvelles richesses entre les continents. Ils partaient d'Europe chargés de marchandises occidentales. Ils allaient ensuite en Afrique pour vendre et acheter des marchandises. Ils y achetaient quelques esclaves. Ils faisaient escale sur les îles pour acheter et vendre des marchandises. Ils y vendaient les esclaves d'Afrique. Ils faisaient ensuite route vers l'Amérique pour y acheter et vendre des marchandises. Ils en profitaient pour capturer quelques noirs. Ils retournaient vers les îles pour acheter et vendre des marchandises. Ils y vendaient les noirs d'Amérique. Ils mettaient ensuite le cap sur l'Europe pour vendre les marchandises exotiques. Ce trafic "triangulaire" ou plutôt quadrangulaire générait énormément d'argent.
Étant issus de continents différents, les esclaves des îles n'avaient absolument pas la même culture, ni la même mentalité, la communication était très difficile entre eux. Ils n'avaient que la langue de leurs propriétaires pour tenter d'établir de liens. Cela a donné naissance aux différents créoles.
Lorsque l'esclavage est devenu un sujet de polémique en Amérique, les descendants des européens ont décidé de falsifier l'Histoire et de fabriquer de faux documents, pour convaincre les noirs qu'ils provenaient d'Afrique. En effet, les indiens étant peu nombreux et nomades à l'origine, ils ne présentaient aucun risque politique. Par contre les noirs étaient aussi nombreux, peut-être même plus nombreux que les blancs, ils risquaient de réclamer les terres confisquées et de demander des dommages et intérêts.
En leur faisant croire qu'ils venaient d'Afrique, cela leur donnaient l'impression d'être des étrangers en Amérique. Pour réparer logiquement les dégâts, il aurait donc fallu les ramener sur leur soi-disant continent d'origine. D'un point de vue pratique, c'était bien entendu irréalisable. Les blancs devenaient ainsi comme des hôtes tolérants, qui faisaient une faveur aux noirs en les hébergeant comme des immigrés, à défaut de meilleure solution. Au lieu de voir le présent et d'envisager l'avenir, les noirs ont tourné leurs regards vers un passé nostalgique inexistant. Ils se sont mis à rêver de racines illusoires, qui ne correspondent même pas à leur réel état d'esprit. Toutes les tentatives de rapprochement entre l'Afrique noire et l'Amérique noire ont été éphémères car ce sont des peuples totalement opposés, qui tentent de croire qu'ils sont identiques.
De nos jours, tous les moyens sont mis à contribution pour perpétuer le mensonge politique. La culture des noirs d'Amérique est imbibée de fantasmes sur l'Afrique. Des laboratoires sans scrupules arnaquent les noirs en leur vendant des tests génétiques, censés déterminer leur soi-disant pays d'origine. Le milieu spirituel attribue aux indiens une sagesse et une spiritualité qu'ils n'ont fait qu'effleurer au contact des noirs. Les habitants des îles croient qu'ils viennent d'Afrique alors qu'ils sont métissés. Leurs ancêtres noirs sont à moitié américains, à moitié africains et la cohabitation à sans doute été très laborieuse au début. Les africains croient qu'ils ont été assez stupides pour laisser 60 millions(!) de leurs ressortissants se faire kidnapper sans réussi à lever le petit doigt. Ce mensonge donne une vision particulière du monde où les noirs sont divisé en 2 blocs : une moitié est faible, l'autre moitié est déracinée.
En réalité, les noirs d'Afrique étaient juste comme les européens, c'est à dire sans scrupules. Ils ne voyaient aucun inconvénient à vendre quelques uns de leurs congénères par-ci par-là. Si les africains étaient faibles, les européens auraient aussi réduit l'Afrique en esclavage. Or ils n'ont réussi qu'à coloniser momentanément une partie du continent.
En réalité, les noirs des îles sont les seuls à être réellement déracinés. Ils se sont créés des cultures hybrides pour soigner les blessures et combler les manques.
En réalité les noirs d'Amérique étaient accueillants, confiants et ouverts. Rien ne pouvait leur permettre d'imaginer qu'il existait des individus d'une cupidité démoniaque. Rien dans leur histoire ne leur montrait que les êtres humains pouvaient se transformer en prédateurs à grande échelle. Rien ne les avaient préparés à ce qu'ils ont vécu. Le peuple à la profonde sagesse, actuellement vanté par tant de courants spirituels, c'étaient les noirs d'Amérique. Si les noirs américains cessent de courir après des racines fantômes, ils retrouveront les leurs, les vraies.