Calcul vs Intelligence

J’ai précédemment écrit un article au sujet de ce qu’on nomme Intelligence Artificielle pour donner mon point de vue tout personnel. En voici un autre sous l'angle purement humain cette fois-ci.

Il est d’usage de considérer qu’une personne qui a de bonnes capacités de calcul est intelligent. On considère ainsi comme hautement intelligent celui qui est capable de résoudre des problèmes mathématiques complexes ou de vaincre des adversaires aux jeux de stratégie. Les experts mesurent l’intelligence en faisant remplir des QCM thématiques afin d’établir un score dans les différents domaines d’action dévolus au mental. Je ne suis pas sûre que le Quotient Intellectuel (QI) résultant soit réellement un indicateur d’intelligence.

Il fut un temps où le fait d’exceller aux échecs était un signe d’intelligence. En effet cela pouvait servir d’entraînement mental aux monarques, notamment pour élaborer des stratégies politiques ou militaires par analogie. Mais l’époque a changé. La société n’est plus la même, de nouveaux outils sont apparus, notre niveau de connaissance a considérablement augmenté. Ne serait-il pas temps de faire évoluer les méthodes d’évaluation ? Eh bien non. Les techniques ancestrales sont restées d’actualité.

Les perceptions, analyses et actions à effectuer au cours de l’évaluation du QI, permettent de mesurer la puissance de calcul du cerveau. Mais qui l’utilise ? Personnellement j’estime que le cerveau n’est qu’un outil, un ordinateur biologique sophistiqué. Il nécessite une entité intelligente pour travailler intelligemment. J’ai envie de faire la comparaison avec une automobile. Si des tests révèlent que votre voiture possède une puissance de 600 chevaux, cela ne signifie en rien que vous êtes un bon conducteur. Ça prouve uniquement que vous avez un moyen de locomotion rapide. Toute cette puissance peut vous précipiter dans le premier platane venu, si votre style de conduite laisse à désirer.

Au 21ème siècle, nous confondons encore "calcul" et "intelligence". Le calcul consiste à appliquer automatiquement des règles parfaitement connues dans un contexte partiellement inconnu. Il est donc facile de mesurer la capacité de calcul. L’intelligence consiste à comprendre. L’expérience montre que nos connaissances peuvent servir de tremplin ou de frein à la compréhension. Le meilleur moyen de mesurer l’intelligence est donc de l’éprouver dans un contexte où les règles sont indéterminées. La bonne compréhension entraîne les bons choix. Qu’est-ce qu’un bon choix ? C’est là que le bât blesse.

Lorsqu’on évalue les capacités de calcul, il existe des réponses aux problèmes posés. Trouver la bonne réponse prouverait "l’intelligence". On a un score immédiat qui montre l’étendue de la puissance de calcul. Mais pour évaluer les véritables capacités d’intelligence, quels critères utiliser ? Faire le bon choix en situation inconnue, montre qu’on a bien compris la situation. Quel choix est le meilleur ? Impossible de le savoir puisque le contexte est inconnu. Seul l’avenir peut valider le choix ou l’invalider. Seul le futur peut dire si on a bien compris donc bien choisi. Soit dit en passant, dans l’évaluation des capacités de calcul, l’ignorance des règles qui s’appliquent est automatiquement interprété comme une preuve de bêtise. Dans l’évaluation de l’intelligence, si la solution pertinente a été choisie au hasard alors la chance peut-être prise à tort pour un signe d’intelligence.

En résumé, la puissance de calcul est mesurable de façon objective et quantitative au présent, tandis que la faculté d'intelligence est évaluable de façon subjective et qualitative dans le futur.

Quantitatif, objectif, présent, soumis à des règles

Qualitatif, subjectif, futur, sujet au hasard

C’est dommage de continuer à confondre ces deux notions car le calcul n’a rien à voir avec l’intelligence. C’est ce genre de confusions qui nous fait croire qu’un ordinateur est intelligent ou qu’un autiste en souffrance est surdoué. C’est ce genre de méprises qui nous fait faire des choix de société dommageables.

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