Ressources infinies

J'ai l'impression que les êtres humains devraient prendre exemple sur les arbres pour se développer. Les arbres ressemblent à des êtres humains inversés. Leurs organes de reproduction sont an haut, les nôtres sont en bas. Leur intestins plongent dans la terre et leur poumons étirent leurs feuilles vers le ciel. Chez nous, ces organes sont internes. Regarder un arbre, c'est comme regarder dans un miroir. Tout est pareil mais inversé.

Récemment, j'ai pensé au travail. Nous devons travailler pour avoir un toit, pour nous nourrir, nous habiller, prendre soin de nous, nous éduquer, nous distraire. Nous devons gaspiller nos journée à faire des choses stressantes, inintéressantes, répétitives ou dangereuses, afin d'avoir le droit de vivre. Ceux qui ne sont pas capable de travailler sont affaiblis. Les employeurs essayent de faire baisser les salaire et d'augmenter leurs profits, pendant que les employés essayent de travailler le moins possible. Le peuple exige des prix bas et des salaires élevés, c'est impossible parce que les profits servent à payer les salaires. Les grands de ce monde empilent tellement de richesse qu'une vie entière ne suffit pas à tout dépenser, tandis que d'autres n'ont même pas le minimum vital. Tout ça pour quoi?

Pour consommer!

N'est-ce pas stupide? Le riche, tout comme le pauvre, ne peut rien faire d'autre que consommer en fonction de ses moyens. L'un consommera beaucoup, l'autre consommera peu. C'est tout. Mais attention! La surconsommation pollue l'environnement, elle épuise les ressources naturelles et elle peut mettre la santé en danger. D'un autre côté, la pauvreté bloque l'accès à l'éducation. Elle peut mettre la vie sociale et même la vie physique en danger. Un tel système est voué à l'échec. Que dit le miroir? Comment font les arbres pour prospérer?

Les arbres s'en sortent bien parce que leur vie dépend de ressources infinies. Ils ne dépendent pas les uns des autres pour vivre. Il peuvent pomper l'eau, l'air, les minéraux et la lumière en abondance. En échange, ils produisent toutes sortes de merveilles en fonction de leurs moyens: du bois solide, des fruits délicieux, des fleurs parfumées, des sèves sucrées, des remèdes médicaux, de l'humidité, de l'ombre, de l'oxygène... Les arbres ne travaillent pas en circuit fermé. Ils ne consomment pas mutuellement les fruits de leurs efforts respectifs. Au contraire, leur circuit est ouvert. Il se nourrissent dans le règne minéral, pour nourrir le règne animal. Leurs ressources sont infinies, tout comme leurs productions. Ce qu'ils absorbent leur permet de vivre et de produire assez pour alimenter, protéger et réjouir les espèces des règnes plus évolués.

Notons quelque chose d'important. L'arbre se nourrit constamment de sels minéraux dissous dans l'eau. Il en absorbe 24h sur 24 et pousse non-stop jusqu'à la fin de sa vie. L'arbre ne se laisse jamais décourager par le moindre obstacle. Le petit brin d'herbe est capable de briser le béton, pas par méchanceté mais plutôt pour trouver l'air et la lumière dont il a besoin pour grandir.

Q'est-ce que cela donnerait si on appliquait ce modèle au règne humain?

Premièrement, je pense qu'il est absurde de travailler pour avoir le droit de vivre. La vie est un droit de naissance. Chacun devrait avoir ce dont il a besoin pour vivre. Être obligé de fournir des biens et services à son voisin pour pouvoir se payer de quoi satisfaire ses besoins primaires est contre-nature.

Deuxièmement, je constate que le règne minéral nourrit le règne végétal, le règne végétal nourrit le règne animal. Je suis sûre que si l'humain occupait réellement la place qu'il est censé occuper, nous nous alimenterions principalement des productions subtiles des règnes inférieurs, surtout de celles du règne animal, tout comme l'arbre se nourrit de minéraux. Ces nourritures subtiles seraient gratuites, abondantes, infinies, elles couleraient en nous constamment, comme la sève qui jaillit constamment dans l'arbre.

Troisièmement, je pense qu'il est malsain de vivre dans notre bunker industriel étouffant. Nous travaillons pour produire des biens et services qui sont consommés par nos voisins. Nous consommons également les biens et services produits par nos voisins. L'énergie circule en circuit fermé. C'est comme si un seul tuyau de plomberie faisait le tour de notre maison. L'eau de la douche arriverait directement dans la cuisine, tandis que l'eau de la cuisine arriverait directement dans la douche. N'est-ce pas dégoûtant? Nous devons puiser l'eau en dehors de la maison pour qu'elle soit salubre. Les eaux usées doivent sortir de la maison pour être purifiées. De la même façon, nous ne devrions pas travailler pour la race humaine mais pour les  règnes supérieurs à la race humaine.

Tout être a des droits et des devoirs. L'être humain a le droit de vivre. Qu'en est-il des devoirs? Je ne pense pas que son devoir soit d'être l'esclave servile de dieu, de se sacrifier pour sauver le pauvre ou d'être exploité par le riche. Tous les règnes sont nourris par les règnes inférieurs pour servir les règnes supérieurs. Il n'y a aucune raison pour que l'humain échappe à la règle. Ce schéma en matière-énergie-conscience résume le système.

ressources infiniesLe corps est maintenu, protégé, réchauffé, distrait, réjoui, instruit par des nourritures infinies. Elles circulent constamment. Le flux ne peut pas être stoppé, donc il doit trouver un exutoire.

Cela donne lieu à une abondante énergie de vie. Tout est mis en oeuvre pour développer la vie de façon continue sous tous ses aspects. Même les obstacles insurmontables sont affrontés avec  courage et confiance pour que la vie se déroule à tout prix.

Le but de ce système est l'utilité inter-espèce. Chaque règne utilise les règnes inférieurs pour se rendre utile auprès des règnes supérieurs. Les règnes forment ainsi une gigantesque chaîne dont l'étendue est impossible à mesurer.

Le système est créé et régulé par les lois de la nature. Tous les êtres animé et inanimés y sont soumis.

Lorsqu'on se nourrit des productions subtiles des règnes inférieurs, il n'y a plus de riche ni de pauvre, car une alimentation permanente ne peut pas être stockée ni manquer. Ce sont les limites qui créent la richesse et la pauvreté. Les ressources limitées sont limitables, c'est à dire qu'on peut les diriger où on veut, quand on veut, les accumuler ou les perdre. Ainsi, certains peuvent en avoir trop, tandis que d'autres en sont privés.

Dans le fonctionnement naturel légal, les possessions et les manques ne servent pas à évaluer la valeur d'un être, ce sont plutôt ses productions. Ce qu'il produit dépend de ce qu'il est. Par exemple, on ne regarde pas l'eau et les minéraux qu'un arbre consomme pour l'évaluer. On regarde plutôt ce qu'il donne. Ce qu'il donne dépend de sa nature. Non seulement ses productions peuvent réjouir le corps, le coeur et l'esprit, mais en plus elles nous révèlent son identité profonde.

On pourrait me répondre que la nature n'est pas aussi idyllique que ça. Certains insectes grignotent leurs compatriotes, certains prédateurs dévorent les petits animaux, même les plantes peuvent être carnivores. C'est normal. Lorsqu'il y a des lois, il y a toujours des exceptions qui ne rentrent pas dans les cases prévues à cet effet, il y a toujours des êtres ambitieux qui utilisent leurs pouvoirs pour dominer les autres, il y a toujours des petits malins qui font preuve de duplicité pour tromper les autres. C'est normal que ça se passe comme ça. La vie est constamment en mouvement. S'il n'y avait que les lois, alors la vie s'écoulerait de façon monotone, cela serait équivalent à la stagnation.

C'est normal qu'il y ait des lois et plein de têtes brûlées qui essayent d'échapper aux règles, pour imposer leur volonté ou utiliser les mécanismes de façon originale ou inattendue. Ceux qui obéissent aux lois, maintiennent le monde en équilibre. Ceux qui repoussent les limites le font bouger, ils peuvent provoquer le désordre ou l'innovation. La nature n'est pas synonyme de bonté absolue. Pour moi, la nature est synonyme de loi.

Parfois les arbres sont attaqués par des parasites. Ce sont des organismes qui rongent l'arbre sans rien produire d'autre en échange que de la laideur. Leur cupidité est telle qu'ils finissent par tuer l'arbre. La mort de leur hôte signifie qu'ils risquent de mourir. Manger, se goinfrer, faire des orgies, bâfrer, gober, rien ne peut combler leur immonde cupidité, pas même la peur du suicide.

C'est ainsi que nos sociétés favorisent actuellement la prolifération du parasitisme dans l'humanité. Nos styles de vie sont basés sur le chantage. Nos cultures exigent du travail pour fournir de la nourriture. Tous les aspects de la vie sont soumis à des douanes. Nous regardons avec crainte le moment où il faudra payer pour avoir le droit de respirer. La façon dont nous vivons actuellement est nocive et idiote. Nous avons transformé la planète en une usine malsaine et puante qui cultive industriellement les vauquins. Le vauquin essaye toujours de se goinfrer tout en donnant le moins possible. Le vauquin n'accepte de travailler que s'il est sûr que cela lui rapportera un maximum de bénéfices pour une minimum d'investissement.

Pour sortir de ce merdier, je pense qu'il est inutile de réformer telle chose, interdire telle autre et autoriser son contraire. Nos devons évoluer. L'humanité doit trouver un moyen pour se nourrir physiquement, émotionnellement et mentalement de façon infinie. Si les limites disparaissent, alors les inégalités font de même. Quelque chose me dit que les êtres qui sont sous notre domination applaudiraient une telle réforme de toutes leurs pattes. Qu'en est-il de ceux qui nous dominent?

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