Endométriose

Cela peut paraître étrange mais j'ai souffert d'endométriose. On appelle ça une "maladie" pourtant il s'agit d'un phénomène étrange. Au lieu de rester sagement à sa place, l'utérus pousse à l'intérieur du corps comme une liane. Il fabrique une multitudes de cellules inutiles, elles s'accrochent un peu partout un peu comme du lierre. L'utérus peut ainsi envahir les organes de la digestion, monter jusqu'au poumon et même coloniser le cerveau. Les symptômes les plus courants sont au nombre de 3 :

  • menstruations irrégulières : la date et la durée des menstruations ne sont jamais sûres, les prévisions sont quasiment impossibles. La vie devient stressante parce qu'on est sur ses gardes 2 semaines par mois et menstruée durant une semaine au moins. Il reste environ une semaine de répit, celle qui suit immédiatement les menstruations.
  • flux menstruel abondant : au moment des menstruations, cet utérus démesuré produit évidemment un flux plus important que s'il avait une taille raisonnable. Les saignements sont donc très abondants. Certains bouts de "liane" saignent à l'intérieur du corps. Comme ce flux n'est pas évacué à l'extérieur, il stagne à l'intérieur donc la cavité abdominale s'enflamme.
  • douleur : avant et pendant les menstruations, le corps n'est que pur concentré de douleur. Une douleur intense qui monte par vagues. C'est horrible. Des vagues de douleur culminent épisodiquement par dessus un fond de douleur constante. Ça fait tellement mal que le coeur cogne pour casser la cage thoracique. Ça fait tellement mal qu'on commence à transpirer. Ça fait tellement mal qu'on arrête de respirer jusqu'à ce que la vague soit passée. Une douleur telle qu'elle provoque la fièvre. La douleur provoque des nausées et parfois des vomissements. Une douleur si forte qu'elle peut entraîner une perte de conscience passagère. Ça fait mal au ventre mais aussi au dos car l'utérus est fixé par des ligaments, ils suivent donc la tendance générale et s'enflamment eux aussi.

La conséquence dont personne ne parle jamais, c'est la mort. En effet, les cellules de l'endomètre peuvent empêcher les organes envahis de fonctionner correctement. Si les reins, les intestins, le foie, les poumons ou le cerveau ne peuvent plus jouer leur rôle, on se doute bien que l'issue en est fatale. Donc en plus d'être stressante et extrêmement douloureuse, l'endométriose peut s'avérer mortelle.

Les années endométrioses ont été les pires de ma vie. Vous remarquerez que j'en parle au passé. Eh oui, c'est fini. Je n'ai plus aucun symptôme. Suis-je réellement guérie ? Je ne sais pas. Il faudrait que je refasse un IRM mais le dernier que j'ai passé m'a rendue malade, j'hésite à m'y soumettre à nouveau. Je pense que c'est le produit destiné à ralentir le péristaltisme intestinal qui m'a foutue par terre.

La médecine moderne propose une méthode simple pour "soigner" l'endométriose. Les règles sont irrégulières, abondantes et douloureuses ? Eh bien yaka arrêter les règles. Il suffit de prendre un traitement hormonal pour stopper les menstruations et voilà. Il faut évidemment renoncer à la maternité. Encore faut-il que le corps supporte cette "castration" chimique car la prise d'hormones à long terme peut avoir des effets secondaires fâcheux, comme par exemple des kystes ou un cancer.

Parfois cette méthode ne suffit pas. L'utérus continue sa progression rampante dans l'organisme. Eh bien yaka découper. Que ce soit par coelioscopie ou via une intervention chirurgicale classique, on enlève les "lianes" d'endomètre inopportunes. Cette technique radicale a aussi ses limites car l'endomètre peut recommencer à pousser suite à ce "désherbage".

Il ne reste qu'une solution. L'utérus déconne. Eh bien yaka le jeter à la poubelle. On effectue une hystérectomie autrement dit l'ablation de l'utérus. Voilà, comme ça on est tranquille. Sauf qu'il joue un rôle important dans l'organisme. En plus de produire des hormones essentielles, il a une place dédiée dans le bas-ventre. Si on le retire les organes de la sphère digestive ont tendance à adhérer aux parois du ventre pour compenser le vide.

Ces méthodes brutales et incertaines m'ont glacé le sang. C'est avec la peur au ventre que j'ai décidé de me débrouiller toute seule et autrement. Je cherchais le soulagement, à ma grande surprise j'ai obtenu la guérison. A présent j'ai juste une pression abdominale quelques jours avant le déclenchement des règles et un tiraillement quelques heures avant. Je suis parfaitement calée sur la lune. Le flux dure 48h exactement. Avant j'étais complètement malade 2 semaines par mois, maintenant je dois juste être prudente 2 jours par mois.

Comprendre

Lorsqu'on veut se soigner par soi-même à ses propres risques et périls, il est primordial d'identifier les racines du mal. Appliquer des recettes artificielles ou naturelles toutes prêtes ne peut que conduire à la catastrophe. L'endométriose ne tombe pas du ciel, elle a forcément une cause.

Pourquoi le corps fabrique trop de cellules au mauvais moment au mauvais endroit ?

Le corps n'est pas stupide, il y a sûrement une raison. La raison est éventuellement psychologique. Donc lorsque le diagnostic a été posé suite à un IRM, j'ai immédiatement consulté mes livres de décodage biologique. J'ai tenté de comprendre ce qui pouvait motiver le dérèglement, en m'appuyant sur les propositions pour faire le lien avec mon vécu personnel. Cette introspection a été facilitée par les nombreuses années d'accompagnement en psychothérapie dont j'ai bénéficié et par une pratique régulière de la méditation.

Chirurgie non-instrumentale

Même si on parvient à démonter le mécanisme psycho-émotionnel à l'origine de la surpoduction inappropriée d'endomètre, il faut aider le corps à se débarrasser des tensions et des cellules superflues.

Personnellement j'ai fait appel à une étiopathe spécialisée en gynécologie interne. L'étiopathie s'appelle également "chirurgie non-instrumentale" car les praticiens interviennent directement sur les organes en passant par les voies internes. C'est très désagréable mais ça marche. Il faut prendre rendez-vous à un moment précis du cycle pour intervenir. Les améliorations se manifestent au bout de plusieurs mois de suivi régulier.

Il me semble que certains chiropraticiens et ostéopathes ont également des spécialisations en gynécologie. Quoiqu'il en soit si les progrès ne sont pas au rendez-vous, il vaut mieux arrêter et changer de praticien, pour éviter de se faire plumer par d'éventuels charlatans.

Les plantes

Certaines plantes aident les femmes à réguler leur cycle.

Sauge : elle est considérée comme LA plante de la femme. On peut boire des infusions de sauge et se masser le bas ventre avec de l'huile essentielle lorsque les symptômes pré-mentruels apparaissent. J'en ai utilisé pendant des années, personnellement cela ne m'a pas soignée. La sauge contribuait à atténuer les douleurs sans plus.

Grenade : si magnifique, si efficace. Elle réduit le volume du flux menstruel ! Facile à trouver dans les magasins exotiques et parfois en supermarché. Commencer la cure 3 ou 4 jours avant les règles, manger une grenade entière par jour, stopper dès que les règles commencent. Inutile d'acheter les jus bidons vendus en bouteille. Ils sont pasteurisés, le goût est dégueulasse, tout est mort dedans. Au bout de quelques mois de cure de grenade fraîche, j'ai constaté effectivement une diminution du flux.

Papaye : à éviter en cas d'endométriose car elle augmente le flux menstruel. Je pense qu'elle doit agir comme la grenade donc si on veut se faire plaisir, il vaut mieux éviter d'en consommer durant la période pré-menstruelle.

Vétiver : en occident on croit qu'il s'agit d'une fragrance boisée réservée à l'homme viril. Pourtant le vétiver (ma plante chérie entre toutes) est un puissant anti-inflammatoire et un redoutable régulateur hormonal. Une infusion de racines de vétiver calme les symptômes menstruels. Il suffit de boire une tasse par jour durant les menstruations. Pour éviter de détruire les principes actifs, je fais mes préparations à froid. Le soir je débite des racines en petits morceaux dans de l'eau à température ambiante, je laisse infuser toute la nuit dans un récipient fermé pour protéger de l'air et de la lumière, je bois le matin. Là aussi les améliorations sont perceptibles au bout de plusieurs mois. Le vétiver est un progestérone-like, ceci explique peut être son impressionnante efficacité. On trouve les racines dans certaines boutiques Sénégalaises.

Pratiques utiles

Certaines pratiques peuvent contribuer à soulager les symptômes.

Eviter les vêtements serrés : ils font pression sur le bas-ventre donc sur l'utérus. C'est joli, c'est sexy mais ça aggrave les symptômes. Lorsqu'un organe est malade, on ne l'écrabouille pas. Au contraire, on le laisse respirer.

Eviter les protections toxiques : les protections jetables sont bourrées de produits chimiques, notamment les parfums. Si l'utérus se sent mal, est-ce une bonne idée de l'intoxiquer de surcroît ? Il est préférable d'opter pour des protections permanentes comme les serviettes lavables ou mieux encore les coupes menstruelles. Je me suis mise au keeper en latex il y a une vingtaine d'années, à présent elles sont en silicone. L'offre s'est maintenant diversifiée, le choix de taille, de couleur et de forme est large.

Le flux instinctif : cela consiste à ne pas porter de protection durant les menstruations. Il faut être à l'écoute de son corps et aller au toilettes pour faire la vidange lorsque le flux veut s'écouler. Au début c'est fastidieux, il faut aller aux toilettes toutes les demi-heures, parfois il y a des loupées parce qu'on n'a pas senti venir l'écoulement. Petit à petit au fil des mois et des années, le corps s'organise de mieux en mieux, il planifie le flux de façon plus rationnelle. On capte de mieux en mieux l'avertissement, les écoulements s'espacent, on va aux toilettes toutes les 3 ou 4 heures. Personnellement je n'ai pas suffisamment confiance pour le faire tout le temps. Je porte une protection la nuit, lorsque je sors, sur mon lieu de travail... Mais chez moi en journée j'enlève tout. Ça apporte du soulagement, une certaine confiance en soi, une plus grande sensibilité, une complicité avec le corps. Au lieu d'être une machine organique chaotique qu'il faut dompter à coup d'hormone et de bistouri, le corps devient un partenaire fiable, un ami proche. Au moment où j'ai commencé le flux instinctif, mes règles duraient 5 jours. Au bout de quelques mois de pratique, la durée est tombée à 2 jours.

Lorsque le diagnostique a été posé, je me suis effondrée. J'étais déboussolée ne sachant que faire. Au bout de 3 jours j'ai relevé la tête et décidé de trouver d'autres voies pour me soigner durablement sans brutaliser mon pauvre corps déjà meurtri par des années de douleur.

J'avais parfaitement conscience que je prenais un risque important. Je savais que mon choix pouvait déboucher sur une aggravation de mon état de santé et peut-être même sur mon décès. J'étais prête à assumer seule les conséquences de ma décision.

C'est une grave erreur de se tourner vers la pharmacie ou l'herboristerie en croyant y dénicher des potions qui guérissent tous les maux par magie. L'état d'esprit est un facteur de guérison tout aussi important que les remèdes employés. Je me suis dit : "Je m'en fous si je meurs, il est hors de question que je maltraite mon utérus, il a déjà trop souffert, maintenant je veux le protéger". Cette résolution a changé mon état d'esprit et sûrement contribué à ma guérison.

Au lieu d'être une suppliante souffreteuse, prête à laisser tout le pouvoir de décision au tout-puissant guérisseur diplômé, je suis devenue une personne autonome, déterminée à protéger ce qu'il y avait de plus faible en moi, quitte à en mourir. J'étais prête à me "sacrifier" pour moi. L'ablation de l'utérus aurait été tellement facile, rapide et rassurante. J'ai préféré reconquérir péniblement le pouvoir. C'est ça qui m'a mise sur la voie de la guérison. Les produits et les soins ne sont que des briques qui pavent le chemin qu'on choisit de suivre.

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